Ireps Guadeloupe - Instance régionale d'éducation et de promotion de la santé
Fondée sur une approche globale de la santé, l’Ireps Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy travaille en étroite relation avec les associations de prévention du territoire de la Guadeloupe et des îles du Nord.

Pour une autre prise en charge des addictions - Karine BERTI, hypnothérapeute en milieu carcéral

L'hypnothérapie permet aux PSMJ de réduire le stress et l'anxiété omniprésent dans le quotidien carcéral et de mieux gérer les émotions à l’origine du recours aux substances...

En quoi consiste l’hypnothérapie ?

L’hypnothérapie est une technique thérapeutique qui utilise l'état d'hypnose, un état modifié de conscience, pour accéder aux ressources profondes de l'individu. Elle permet de travailler sur des mécanismes automatiques du cerveau, souvent en lien avec des comportements répétitifs ou compulsifs, comme les addictions. En état d’hypnose, une personne est à la fois profondément détendue et pleinement concentrée, ce qui permet d’agir sur des blocages inconscients ou des comportements limitants.

L’hypnothérapie aide à comprendre et transformer les schémas de pensée et de comportement en facilitant un changement au niveau sensoriel, émotionnel, cognitif et comportemental. C’est une méthode douce mais puissante, qui favorise l'empowerment, c’est-à-dire l'autonomisation des personnes en leur permettant de reprendre leur pouvoir et le contrôle sur eux-mêmes.

En apprenant à mobiliser leurs ressources internes pour faire face à leurs défis personnels, comme le stress, l'anxiété, les difficultés de sommeil ou l'envie de consommer des substances, ils renforcent leur capacité à faire des choix plus conscients et motivés pour opérer un changement durable. Cela renforce non seulement leur motivation à changer, mais leur donne également les outils pour être acteurs de leur propre réhabilitation.

Comment utilisez-vous cette technique auprès des personnes détenues présentant des conduites addictives ?

En milieu carcéral, l'hypnothérapie est utilisée pour aider les personnes détenues présentant des addictions à comprendre et à gérer les mécanismes en œuvre dans leurs conduites de consommation. Elle permet également de trouver des solutions alternatives à la consommation lors de l’apparition des facteurs déclencheurs, qu'ils soient externes ou internes. Mon travail consiste à proposer des séances individualisées qui tiennent compte de l’histoire et des besoins spécifiques de chaque personne détenue.

L’hypnothérapie permet également de réduire le stress et l’anxiété omniprésents dans le quotidien carcéral et de mieux gérer les émotions à l’origine du recours aux substances. Par le jeu des modifications de perception sensorielle, elle permet par ailleurs de diminuer le désir irrésistible de consommer (craving) et de transformer les pensées facilitant la consommation qui l’accompagnent. En travaillant sur ces schémas de pensée, la personne peut en quelque sorte se reprogrammer en créant des réponses plus saines et plus adaptées. Cela contribue à rompre le cycle addictif en modifiant les mécanismes cognitifs et émotionnels qui l’entretiennent.

Les techniques d’hypnose sont également utilisées pour aider les détenus à se projeter dans un futur sans addiction, en leur fournissant les outils nécessaires pour prévenir les rechutes une fois libérés. Par exemple, j’utilise souvent des techniques de visualisation où les détenus sont guidés à imaginer des situations futures où ils font face à des tentations mais choisissent alors des solutions alternatives pour ne pas consommer. Cela leur permet de renforcer intérieurement leur capacité à prendre des décisions saines. J’utilise également l’ancrage, qui consiste à associer des sensations positives ou des sentiments de calme à un geste ou une pensée, que les détenus peuvent réutiliser lorsqu’ils se trouvent dans des situations stressantes ou à risque. Ces techniques aident à consolider des comportements plus adaptés et à renforcer leur résilience face aux difficultés de réinsertion.

Karine BERTI

Présentez-vous en quelques mots

Je m’appelle Karine Berti, je suis titulaire d’une licence canadienne en criminologie, ce qui m'a permis de développer une bonne base en relation d'aide, et je suis hypnothérapeute. Dans le cadre du Fonds de lutte contre les addictions, l’ARS de Guadeloupe a lancé un appel à projets régional visant à soutenir et financer des actions locales de prévention et de lutte contre les addictions. Il y a 5 ans, j’ai soumis un projet centré sur l'hypnothérapie en milieu carcéral, destiné à accompagner les personnes détenues dans la gestion de leurs conduites addictives. Le projet a été retenu, et j'ai pu le mettre en œuvre au Centre Pénitentiaire de Baie-Mahault.

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