Ireps Guadeloupe - Instance régionale d'éducation et de promotion de la santé
Fondée sur une approche globale de la santé, Promotion Santé Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy travaille en étroite relation avec les associations de prévention du territoire de la Guadeloupe et des îles du Nord.

"Nouvo Komansman": Un nouveau programme de prévention de la consommation de substances psychoactives en milieu carcéral

Octobre 2024

Pour prévenir et accompagner les personnes, une approche globale de la santé, couvrant les aspects physiques, psychologiques et sociaux, est nécessaire...

Contexte

Promotion Santé Guadeloupe a répondu en 2023 à l’appel à projet Fonds de concours de la MILDECA, puis à l’appel à projet du Fonds de Lutte Contre les Addictions de l’Agence de santé de la Guadeloupe pour mettre en place un projet visant à prévenir la consommation de substances psychoactives chez les personnes placées sous-main de justice. En 2024, le projet a obtenu le soutien des financeurs et sera déployé à partir du dernier semestre 2024 et sur l’année 2025. Le Service pénitentiaire d'Insertion et de Probation s'investit également à nos côtés, aussi bien en termes de financement que dans la mise en oeuvre.

Il part du constat que la prévalence des conduites addictives parmi la population incarcérée est plus forte qu’en population générale, en effet, près de 40 % des détenus présentent une dépendance aux substances illicites, 20 % à 30 % seraient dépendants à l’alcool et 30 % des entrants en maison d’arrêt déclarent un cumul de consommations à risque (alcool, tabac, drogues illicites, psychotropes) [1]. L’ampleur persistante du phénomène avec une montée en puissance des polyconsommations pose la question de l’adaptation des réponses en matière de prévention et de soins mises en place auprès des personnes détenues. Plusieurs études indiquent que les consommations se prolongent durant l’incarcération [2]. En effet, l'environnement carcéral engendre des facteurs de risque spécifiques tels que la rupture des liens familiaux, la privation de liberté, la promiscuité, etc. Cela a un impact direct pour la santé des personnes détenues, incluant le stress, la perte d'estime de soi et l'isolement social qui peuvent renforcer la consommation de produits psychoactifs, en particulier pour des personnes ayant déjà expérimenté ces produits ou qui en faisait un usage régulier avant l’incarcération.

Aussi, pour prévenir et accompagner les personnes, une approche globale de la santé, couvrant les aspects physiques, psychologiques et sociaux, est nécessaire.

Objectifs

Après plusieurs consultations des personnes détenues, il ressort que les besoins prioritaires identifiés pour prévenir et accompagner à la réduction des risques sont les suivants :

- Agir sur les facteurs motivationnels à la consommation

- Renforcer le repérage systématique des addictions en milieu ouvert et fermé par l’utilisation d’outils partagés

- Faciliter la coordination des professionnels pour garantir la continuité du parcours en addictologie

- Favoriser l’adhésion des personnes détenues présentant des problématiques de consommation à une prise en charge

- Développer un programme de prévention des addictions dans l’établissement et en milieu ouvert

Ainsi, le projet poursuit deux objectifs, le 1er est de tendre vers un environnement favorable à la prévention des consommations de drogues en renforçant les compétences psychosociales des personnes placées sous main de justice, notamment à travers la Communication Non violente, de proposer une offre d’activité physique ou encore d’utiliser le théâtre forum comme ouverture au dialogue autour des addictions.

Le 2ème objectif du projet est d’améliorer la coordination du parcours d’addictologie avec l’ensemble des professionnels intervenants auprès des personnes détenues, cela pourra se faire à travers une sensibilisation de tous les acteurs de la justice sur les enjeux en matière d’addiction.

[1] Rouillon F., Duburcq A., Fagnani F., Falissard B., Etude épidémiologique sur la santé mentale des personnes détenues en prison conduite entre 2003 et 2004, Inserm, 2007 ; Mouquet M.-C., « La santé des personnes entrées en prison en 2003 », DREES, Etudes et Résultats, n° 386, mars 2005

[2] Protais C., Morel d'Arleux J., Roustide M.-J., Usages de drogues en prison - Pratiques, conséquences et réponses, Paris, OFDT, 2019, 40 p.

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